L’effervescence d’une année sabbatique (Partie 1)
16 octobre 2017
« Maman, papa, j’ai échoué un examen à 10%. Je ne sais pas si je vais réussir le cours… Qu’arrive-t-il si je coule le cours? Est-ce que je suis un échec? Est-ce que c’est parce que je ne suis pas assez intelligent? »
J’ai pris une année sabbatique, question de me retirer du système scolaire. J’échouais des cours, je perdais le sourire et j’étais incertain de mon futur. Du même coup, je me suis retiré d’une routine étouffante et jeté dans la dépression, bien que j’essayais d’y échapper. J’étais en amour avec mes camarades de classe, mais je ne pouvais plus les supporter. Ils réussissaient et pas moi. J’avais besoin de m’échapper, de changer d’air. Mais l’impact fut plus violent que je l’aurais cru. C’est suite à ma première année universitaire que j’ai tout quitté. C’est aussi à ce moment que je me suis vu sans routine, noyé dans un néant d’ambitions et sans emploi, bloqué chez mes parents après 8 mois en appartement. C’était cela qui m’attendait. Pas un retour tant espéré ou même une célébration. C’était un sentiment d’échec, de retour en arrière et d’impuissance qui m’attendait.
Je ne l’ai pas avalé ce morceau-là. Mais lui en a profité pour m’engloutir. J’ai vu le gouffre et j’ai bien failli y laisser ma peau. J’ai définitivement vécu une dépression, malgré ce que les gens pourraient essayer de minimiser, voire banaliser, car je ne voyais plus la vie de la même façon. Même que je ne la voyais plus du tout. Quand je dis que j’avais le sentiment d’avoir un nuage au-dessus de ma tête, ce n’est pas un euphémisme. Toutes mes réflexions étaient voilées.
Lorsque tu sors dehors, tu ne vois pas le ciel, mais plutôt le plafond de la Terre. Lorsque tu manges, tu vois cela comme une corvée supplémentaire à ajouter à ta journée. Lorsque tu travailles, tu es convaincu que tu ne fais que passer le temps avant ta propre fin.
Quand tu bois, tu crois dur comme fer que tu bois pour oublier. Quand tu vois tes amis, par contre, tu es bien, car tu réalises que des gens tiennent à toi; pour moi, ce fut les rares moments pendant plusieurs mois où je me sentais un peu mieux que d’habitude. Pourtant, pendant tout ce temps, j’avais l’impression que rien ne valait la peine, que je ne valais rien et que je ne servais à rien.
Je l’avoue, j’ai pensé au suicide. Ça peut en choquer quelques uns de lire ça, mais oui, ça arrive, et ça peut arriver à n’importe qui. Ce sentiment horrible où nous pensons être qu’un poids de plus sur les épaules de nos proches. Pourtant, chaque personne, à un moment dans sa vie, a influencé la vie d’une personne d’une manière quelconque, et ce, consciemment ou non. L’effet papillon prouve que tous et chacun sont utiles à quelque chose, bonne ou mauvaise.
Mais bien que je comprenne ces émotions et les aie vécues, je ne vois pas le suicide comme une issue. Pourquoi? Parce que même si on se le fait dire et que l’on n’y croit pas, c’est vrai que ça ira mieux plus tard. Je m’excuse de ne pas être en mesure de te dire quand, mais je te jure que ta situation peut s’améliorer.
Je sais que dans mon cas, j’ai été chanceux de m’en sortir. Mais je ne suis pas le seul qui s’est avéré chanceux. Chaque personne a le pouvoir d’influencer son environnement. Si seulement nous disions plus souvent à nos proches à quel point nous les aimons… Une simple action peut changer une vie. Ne mettons pas cette discussion au placard. Il faut en discuter et nous aider les uns les autres. Il est difficile de croire que le futur peut amener un jour meilleur, mais il faut se battre pour l’atteindre. Même si j’étais convaincu de cette pensée, je n’allais pas vraiment mieux, mais c’est à ce moment-là que mon attitude a changé. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je voulais me sentir mieux, car oui, il faut prendre cette décision.
C’est un travail difficile pour tout le monde que de se sortir du trou noir que l’on se creuse depuis des mois. Mais à partir de ce jour-là, j’ai réalisé que pour être véritablement heureux, je devais être en cohérence avec ma personnalité et ma psychologie et être capable de me comprendre. Je me demandais alors qui suis-je, qui étais-je, où vais-je et pourquoi étais-je malheureux? Je n’en avais jamais eu une seule parcelle d’idée.
J’ai toujours continué mes études pour réussir et pour prouver aux autres que j’étais capable de le faire. C’est tout. J’ai réalisé que je n’avais jamais vraiment eu d’autres aspirations dans l’histoire de ma vie. Le problème fût que, arrivé à l’université, la réussite n’était plus une priorité, car je voulais avoir une vie sociale, être populaire, avoir du fun. Bref, être libre.
Alors, je n’avais plus de raison d’y rester. De toute façon, je ne trouvais pas que l’école me permettait de me définir en tant que personne. Mais dès que j’en étais sorti… Je n’avais plus rien pour occuper mes journées, plus rien à faire, plus de divertissement suffisant pour me distraire de mes propres pensées, plus de buts, plus d’ambitions…Tout ce que j’avais, c’était ce nuage au-dessus de ma tête. Par dessus cela, j’ai eu plusieurs crises de panique. Mais tout cela m’a permis de réaliser que je n’allais pas bien et que me remettre sur pied était mon principal objectif. Je me suis forcé à aller mieux, je me le devais.
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