Un entre-deux

Ça restera entre nous

Célibataire, je commence à m’y faire!

Femme seule

En collaboration avec Hélène Maillé.

« Ton chum est vraiment chanceux!

–  Je n’ai pas de chum.

–  Voyons donc! Une belle fille fine comme toi, ça doit bien avoir un p’tit chum?

–  Ben… non!

–  Comment ça? »

Ça, c’est le genre de conversation que j’ai plus que juste « souvent ». En général, je réponds que je n’ai pas le temps, que je suis pas mal occupée avec la job et l’école, que j’ai d’autres priorités… Mais si je savais pourquoi, je ne serais probablement plus célibataire, qu’est-ce que t’en penses?!

« Je vais t’en trouver un moi ! ». Ouais… Ce n’est pas pour être méchante, mais je ne crois pas trop aux dons d’entremetteurs de mes amis. Parce que ça aussi, je l’ai entendu souvent… et je peux te dire que j’attends toujours.

Autour de moi, beaucoup sont heureux en couple.

Prenons déjà l’exemple de mes parents : ils vont fêter leur 25e anniversaire de mariage en juin. 25 ans, ce n’est pas rien! À mon âge, ma mère était mariée, avait sa première maison et une magnifique enfant appelée Eloïse #fierté. Cette enfant a aujourd’hui 24 ans [insérer un emoji dégoûté ici], elle a un baccalauréat, presque un certificat et une Echo de course. Mais elle n’a pas de chum.

Et il n’y a pas que mes parents pour me rappeler que je n’ai pas changé mon statut Facebook de « célibataire » à « en couple » depuis déjà un bon moment. Plusieurs de mes amis ont ce partner in crime si spécial qui fait partie de leur vie, et ce, depuis un bon moment. Ma meilleure amie, par exemple : ça va faire six ans qu’elle est avec son amoureux. Six ans! C’est le quart de ma vie! Et ils sont loin d’être les seuls. Ces gens-là ne sont pas restés bloqués aux premières cases du jeu Destin (Life pour nos amis anglos). Ils commencent à se fiancer, se trouver une job reliée à leur formation et plus prestigieuse que serveuse ou caissier, mettre de l’argent de côté pour s’acheter une maison, adopter un animal, penser à fonder une famille… Moi? Je te l’ai dit : je tente tant bien que mal de finir mon certificat, de comprendre c’est quoi des REER et de choisir la date optimale pour mettre mes pneus d’été sur mon Echo. 

T’as deviné : la célibataire du groupe, c’est moi. Celle qu’on n’arrive pas à matcher aussi vite qu’un swipe sur Tinder. Celle qu’on va voir quand on a besoin de conseils en amour ou parce qu’on a le coeur tout à l’envers, même si on ne l’a jamais vu en couple (j’exagère à peine). Je me dis qu’au moins mes histoires les divertissent. Parce qu’on va se le dire : je suis un cas difficile.

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Tinder, Happn, Bumble… Name it, je les ai tous essayés! Pendant un moment, ça remonte ton estime. T’as plein de matchs, on t’aborde avec une pickup line clairement tirée d’un article de Narcity, mais ça te fait quand même sourire, on te dit que t’es donc ben belle sur tes photos et qu’on ne comprend pas pourquoi une fille aussi sweet  que toi n’a pas encore trouvé the one. Fait que tu te dis qu’au fond, t’es peut-être pas aussi pichou que tu le pensais, que tu pognes encore.

Au final, tu auras peut-être deux ou trois conversations intéressantes pour te rendre compte, par la suite, que non, ça ne marchera pas. De temps en temps, tu laisseras une chance à un, en te disant qu’au pire, tu auras un peu de fun. Mais ce qui arrive, c’est qu’à un moment donné, tu as fait le tour et tu supprimes tes comptes. Tu te tannes. De ce côté artificiel. De ces conversations qui ne mènent nulle part. De choisir ton kick comme tu choisissais du linge dans le catalogue Sears. Et tu t’ennuies de ce qu’on était dans le temps que les Internets n’avaient pas toute fucké les relations humaines.

Par chance, je ne me suis pas encore rendue au point de mettre une annonce dans le journal, mais entre ça et finir ma vie avec 42 chats, la question se pose. Je me dis que sur 7 milliards d’humains, il y doit bien y en avoir un, quelque part dans l’univers, qui est célibataire, beau et gentil et que je vais le rencontrer par hasard. Ou pas, va savoir… Je dis ça parce que les occasions que j’ai de rencontrer du nouveau monde se font assez rares ces derniers temps. Ma vie se résume au travail à temps plein et à l’université à temps partiel. Je sais… grosse vie! Mes interactions avec le sexe opposé se résument essentiellement à celles que j’ai avec mes collègues de travail. Et oui, j’ai des collègues vraiment pas pire pentoute, mais c’est pas à coups de petits sourires en coin et de « Hey ça va ? » ou « Bonne journée » que je vais me marier la semaine prochaine. Je t’entends déjà me dire : « Voyons Eloïse! Fais donc les premiers pas! » Et là, je dois t’avouer que je suis un peu (beaucoup) moumoune. T’sais sur Tinder, c’est facile. En direct, ce n’est pas la même game. Donc le beau collègue à qui je fais des sourires ne reste que le beau collègue à qui je fais des sourires.

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Et si tu es comme moi, dans ta tête, ton cheminement sur ton célibat continue. Terminée, la recherche. De toute façon, tout le monde le dit, c’est quand tu ne cherches pas que ça arrive. Fait que tu te demandes finalement si être célibataire ne ferait pas l’affaire. Si tu dois absolument avoir un p’tit chum. Si ton bonheur doit obligatoirement passer par un autre. Moi, je te dis d’apprendre à t’aimer toi-même, de faire ce que tu veux et ce que tu aimes pour toi et d’apprendre à être bien seule, dans ton cœur comme dans ta tête.

Tu vas me dire que les célibataires disent tous ça. Oui, on dit tous ça. Probablement parce qu’il y a quelque chose de rassurant dans le fait d’être bien avec le célibat et avec soi. Je ne te mentirai pas. Oui, j’attends avec impatience le jour où je vais finalement présenter une personne chère à mon cœur au party de Noël. Oui, avoir un + 1 au mariage de mon amie, l’an prochain, me rendrait très heureuse. Oui, j’ai hâte de finalement répondre que mon chum est chanceux. Mais est-ce primordial en ce moment? Comme n’importe qui, un jour j’aimerais avoir quelqu’un avec qui partager mes moments, mes projets, mes rires, mes larmes et tout le reste qui vient avec et qui nous rend goals comme qu’ils disent. Mais est-ce qu’à 24 ans je suis vraiment obligée de me caser? J’ai tellement de projets que j’ai envie d’accomplir et je sais que si j’avais quelqu’un qui me retenait ici, je ne serais pas tentée de les réaliser.

Pourquoi je suis encore célibataire ? Parce que c’est la vie, tout simplement.
Est-ce que je suis bien avec cela ? Quand même.
Et oui, un jour, mon chum sera chanceux, mais je le serai tout autant.

Couverture : Eloïse Laperrière

2 Replies to “Célibataire, je commence à m’y faire!”

  • J’aime ton écriture détaillée ma puce.
    Tu me fais prendre conscience que le temps passe depuis notre dernière rencontre.
    Ouvre les yeux grands on ne sait jamais

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