Lettre à toi qui as été de passage dans ma vie
19 mars 2018
À toi qui a été de passage dans ma vie,
Tu ne sais même pas à quel point c’est dur pour moi d’écrire ces lignes. Chaque touche entrée est un coup de poing dans le ventre. Chaque mot écrit est un poignard enfoncé directement dans le coeur.
J’ai eu la chance d’être très bien entourée tout au long de ma vie. Une famille aimante, des amis à n’en plus finir et une enfance, somme toute, très heureuse, malgré quelques embûches. Mais, plus jeune, je voyais tous mes amis avoir un ou une meilleur(e) ami(e). Une personne qui, dans leur vie, se démarquait des autres, était plus près, plus digne de confiance… va savoir pourquoi. Ce n’était toutefois pas mon cas. Tu me connais assez pour savoir aussi bien que moi que je suis incapable de prendre des décisions, même les plus simples et les plus évidentes. Alors, il était impossible pour moi de mettre quelqu’un sur un pied d’estale et de l’élever au rang de meilleur ami. J’ai eu des amis proches à chaque grande étape de ma vie, mais bien que je les qualifiais de meilleurs amis, je savais que tout ça n’était qu’éphémère, ne durerait que quelques temps. Que nos chemins se sépareraient éventuellement et qu’on redeviendrait des étrangers l’un pour l’autre.
Puis, je t’ai rencontré. Et tout de suite, on a eu un coup de foudre. Amical, soulignons-le. On avait une telle complicité que tout le monde croyait qu’on était ensemble. Alors, on a tenté le coup. On a commencé à se fréquenter. À tomber de l’autre côté de la clôture. T’sais, celle qui sépare l’amitié de l’amour? Oui, celle-là. Mais la chute nous a fait mal. Très mal. À tous les deux. On s’attachait de plus en plus, mais on avait nos projets chacun de notre bord. On avait une vie avant de se rencontrer et on a décidé que notre avenir était plus important que notre amourette. Qu’il était prioritaire. Alors, on a mis un terme à cette relation, en pleurant probablement toutes les larmes de notre corps. Mais au fond, on savait que c’était mieux pour nous deux. Qu’on était à la fois trop différents et trop pareils. Qu’on n’était pas meant to be.
On savait qu’on n’était pas fait pour être en couple, mais qu’on était fait pour être dans la vie de l’autre. Qu’on avait une chimie indescriptible mais ô combien perceptible, comme tout le monde nous l’a sans cesse répété. Une chimie amicale. Une chimie que, je l’avoue, je n’ai eu qu’avec de rares personnes jusqu’à présent. Alors, on est retourné à la case départ. On a passé au stade de couple/fréquentation/name it à celui d’amis. De meilleurs amis.
On se connaissait par coeur et on voulait tous les deux préserver cette relation si spéciale qui nous unissait. Mais voilà que je suis partie à l’autre bout du monde, faire mes projets de mon bord, après t’avoir laissé faire les tiens. Un soir, je t’ai exprimé à quel point tu me manquais et que je trouvais dur qu’un océan nous sépare. Que j’avais besoin de toi à mes côtés dans un moment d’obscurité. J’avais peur de te perdre. J’avais peur que tu m’oublies. Que tu ne me parles plus. Et, à mon grand désespoir, mes craintes étaient fondées. Tu m’as répondu que tu m’adorais, mais que tu ne pouvais pas oublier notre passé. Que tu voulais prendre tes distances, construire le reste de ta vie… sans moi.
Et même si j’entendais ta douleur à des milliers de kilomètres, lire ces mots m’avait anéantie. Notre rupture amicale a été tellement plus dure que notre vraie rupture. C’était ça, le vrai coup de poignard au coeur. Le coup de grâce. Celui qui m’a achevée. Qui m’a fait pleurer autant, sinon plus, qu’à ma première peine d’amour. Car même si cette amitié a cheminé, évolué et est, somme toute, revenue, on est tous les deux conscients que ce ne sera plus pareil. Qu’on peut s’écrire et qu’on sera là l’un pour l’autre… mais pas trop.
Quoiqu’il en soit, je ne pourrais jamais assez te remercier pour tous ces moments passés avec toi. Tous ces rires qu’on a partagés. Tous ces spectacles qu’on est allés voir. Tous ces roadtrips qu’on a fait sur un coup de tête. Toutes ces soirées passées à discuter de tout et de rien dans mon auto. Je ne me suis jamais doutée qu’ils ne se reproduiraient plus et si j’avais su, je les aurais tellement plus savourés. Même si tu n’as été que de passage. Pour toutes ces fois, merci.