Un entre-deux

Ça restera entre nous

Je suis aussi fier d’être Québécois

Après avoir lu ce texte d’Élodie Beauvais, j’ai eu une petite révélation.

Lorsque je me présente en voyage à l’extérieur du pays, je dis que je suis canadien-français ou french-canadian pour les exotiques – j’en reste quand même juste à canadiense en espagnol. Je ne dis pas que je suis canadien, je ne dis pas que je suis occidental ou même américain (dans le sens du continent, là). Je me présente comme un canadien qui parle français. Et j’en suis fier.

Je ne dit pourtant pas que je viens du Québec au premier abord. Américanisé de culture, peu au courant des politiques de ma province, peu impliqué dans celles-ci et pas du tout indépendantiste (quoique ce n’est pas un pré-requis), je me considère plutôt comme un canadien francophone. Je ne sous-entends pas ici que je suis Fransaskois (francophone de la Saskatchewan). Je ne parle pas non plus des gens de l’Ouest canadien qui baragouinent leur français du secondaire. Simplement un franco-canadien.

J’ai toujours cru que je n’étais pas un réel québécois. Je ne regarde pas District 31; je regarde des séries sur Netflix. Je n’écoute pas régulièrement Les Cowboys Fringants ou Mes Aïeux; j’aime mieux découvrir des groupes émergents. Je préfère parler anglais parce que je n’ai pas l’accent. Je pense que la poutine avec de la guacamole, c’est excellent #poutinemexicaine. Je suis convaincu que le soccer, c’est mieux que le hockey. Mais ça ne fait pas de moi, ni de personne, moins un Québécois.

Petite vague de joie alors que je trouve cela collé sur le côté du frigo, dans une auberge jeunesse, à Kilkenny. Crédits : Thomas

Je suis Québécois. Pas parce que je parle français. Pas parce que je suis né sur la rive-nord de Montréal ou que je suis déjà allé au Biodôme. Par parce que j’ai fait un roadtrip en Gaspésie. Pas parce que j’ai appris l’histoire de la Révolution Tranquille ou celle de la Nouvelle-France jusqu’à en être écoeuré.

Je suis Québécois, car rien ne me réjouit plus que de vivre dans une communauté multiculturelle, où des gens des quatre coins du monde croisent mon chemin. Car je bénéficie de cette richesse culturelle qui compose ma province. Et un peu aussi, car je connais Adibou, le code postal du Père Noël et le numéro de téléphone du Clan Panneton, par coeur.

Bien des raisons font de moi un Québécois et me permettent de m’identifier à un peuple. Ce peuple.  Lecteur, crois-moi, cette culture-là ne se retrouve nulle part ailleurs dans le monde. Parce qu’elle est composée de gens qui viennent de loin, de partout, et qui partagent cette identité. Des gens qui vivent ici, chez eux. Chez nous. 

Crédits: Pixabay

Je suis fier de dire que je viens de Montréal. Bon. OK. Je viens de la banlieue, mais on s’entend que c’est plus cool de s’identifier à la métropole. Je suis fier de dire que la poutine et la cabane à sucre, ça vient de chez moi. Je suis fier de ma culture historiquement à cheval entre la royauté française et anglo-saxonne. Je suis fier des paysages québécois, mais aussi de l’immensité de mon pays. Bref, j’ai réalisé que je suis fier d’être québécois. Et il aura fallu mettre un océan entre moi et ma patrie d’origine pour réaliser que j’aime réellement l’endroit où j’ai grandi. Et que je m’y identifies. Ça m’a pris au dépourvu, sincèrement.

Pourtant, j’ai voulu volontairement m’éloigner de cette province imparfaite qui me semblait un mauvais endroit où vivre. Comme je l’ai fait avec mes parents lorsque vint le temps de poursuivre des études universitaires: je voulais m’éloigner de mes racines pour faire mon propre chemin. Mais je réalise maintenant que l’on ne peut pas renier ses racines. Surtout celles du Québec.

J’ai parlé récemment avec une française durant près de 4 heures des différences de langage et d’habitudes entre le Québec et sa région de la France (sud-est, près d’Avignon). Ça m’a fait réaliser que le Québec est réellement un endroit unique. Je croyais trouver ma propre identité en voyageant. Je croyais finalement me définir. Je voulais me prouver que j’étais différent de mon peuple. Mais, en fait, j’ai plutôt trouvé l’amour de ma propre patrie au fin fond des campagnes de l’île verte. Je le dis et le redis: l’océan Atlantique fût nécessaire pour que je comprenne à quel point je suis heureux d’avoir grandi dans ces terres.  Oui, le Québec est un endroit frigorifiant de temps à autre, mais c’est aussi un endroit où il fait bon vivre.

Pour moi, cette province est l’un des rares endroits à avoir vu la naissance d’une nation unique au monde. On mérite le titre de Québécois, car on est différents. Et on devrait être fiers d’afficher cette différence ici, comme ailleurs.

Couverture: Sympatico

 

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